de Voxifera
« La Wicca a quatre aspects, l’union des enseignement et pratiques fondés sur la religion naturelle, l’enseignement des mystères initiatiques, la sorcellerie traditionnelle et la magie rituelle. Cette synthèse unique donne à la Wicca son fondement. »
Vivianne Crowley, 2011
Sorcellerie traditionnelle
Quand Gardner en 1954 écrit « Witchcraft Today » et en 1959 « The Meaning of Witchcraft », il avouait d’être entré en contact avec un groupe de sorcières traditionnelles anglaises, mais c’est seulement dans « The Meaning of Witchcraft » qu’il n’avouait pas seulement de les avoir rencontrées en 1939 mais d’avoir été initié dans ce groupe. Il s’agissait d’un groupe qui, en toute probabilité, pratiquait la sorcellerie traditionnelle anglaise, même si le débat sur la véridicité des faits est encore ouvert. Ce qui est sur est que Gardner entre en contact avec cette realité à Christchurch, dans le sud de l’Angleterre, après sa retraite du travail comme fonctionnaire anglais aux Indes. Il commence à fréquenter un groupe affilié rosicrucien qui s’occupait de theatre à Christchurch appelé Crotona Fellowship (La Compagnie de Crotone), et c’est là que probablement Gardner a rencontré quelques membre de cette congrégation de sorcières.
La sorcellerie traditionnelle est une composante très importante de la Wicca, cela constitue un véritable culte, Gardner en effet s’était occupé de la question « sorcellerie » pendant ses recherches anthropologiques et en particulier il était fasciné par la théorie de l’égyptologue Margaret Murray: elle affirmait que la sorcellerie a toujours existé depuis la préhistoire, quand la société était encore basé sur un système matriarcal et où la femme etait capable de pratiquer la magie et d’entrer en contact avec un principe divin féminin identifié comme Déesse Mère, aux cotés de ce principe féminin il y en avait un masculin, le Dieu Cornu. Donc selon la professeur Murray le culte de la sorcellerie, encore existant aujourd’hui, serait la continuation d’un culte préhistorique qui a survécu jusqu’à nos jours. Cette théorie a été démentie en temps récents par l’historien et professeur universitaire Ronald Hutton dans son oeuvre « The Triumph of The Moon » (Oxford), en indiquant la Wicca comme phénomène de la modernité plutôt qu’une continuation d’un culte préhistorique, mais les wiccans ont bien accueilli cette possibilité et la théorie de Margaret Murray aujourd’hui rentre dans les mythes des origines de la Wicca.
Chaque région a sa tradition en matière de sorcellerie, l’Italie par exemple possède une forte tradition de sorcières au niveau régionale: dans les procès médiévales contre la sorcellerie souvent on fait mention de la Domina Ludi, la Signora del Gioco (La Dame du Jeu) qui guide la Compagnie de Diane, et pour laquelle on organisait des rencontres et des « fêtes » , des sabbats.
On peut penser aux « benanandantes » du Frioul, une compagnie de personnes qui s’occupais de chasser les « malandantes » (ceux qui opéraient des maléfices) des campagnes; ce qui rappelle en partie le phénomène anglais du Cunning Folk, où hommes et femmes (Cunning Women et Cunning Men) se dédiaient à la guérison, aux enchantement de propitiation et à la divination.
Le phénomène de la sorcellerie en la Wicca n’a pas été repris seulement depuis la sorcellerie traditionnelle anglaise, mais il faut considérer le charme et la fascination du folklore italien sur l’imaginaire du peuple anglais qui venait de sortir de la stricte période victorienne. En particulier Gardner fut inspiré par le travail d’un riche anthropologue américain qui a vécu en Angleterre entre le XIXème et le XXème siècle: Charles Godfrey Leland. Une fois arrivé en Italie, Leland rencontre Maddalena Taluti une femme qui travaillait comme cartomancienne à Florence laquelle, après les insistantes requêtes de Leland, lui donne un corpus de traditions folkloriques qui en 1899 donnent vie à l’oeuvre la plus celebre de Leland: Aradia, The Gospel of the Witches (Aradia, L’Evangile des Sorcières)
Livres sur la Sorcellerie
Witchcraft Today- Gerald B. Gardner
The Meaning of Witchcraft- G. B. Gardner
La Signora del Gioco – Luisa Muraro
Aradia: The Gospel of the Witches
Le sabbat des sorcières – Carlo Ginzburg (Gallimard)
Les Batailles nocturnes, sorcellerie et rituels agraires aux XVIè et XVIIè siècle – Carlo Ginzburg (Ed. Flammarion)
The God of The Witches – Margaret Murray
The Witch-Cult in Western Europe – Margaret Murray
La Magie Naturelle
La Wicca retrouve une partie de ses origines dans la magie naturelle aussi. La magie naturelle enfonce ses racines dans l’antiquité, mais c’est seulement pendant la Renaissance qu’elle se développe au niveau pratique chez certains philosophes et magiciens, en partant de la quadripartition des éléments naturels et ses implication pratiques. La magie naturelle pense et conçoit le monde comme une interaction et une combinaison des quatre éléments, en permettant de comprendre au fond la Nature et l’homme.
Le concept de quadriparttion élèmentale enfonce ses racines dans la Grèce classique, avec la tradition des philosophes naturalistes, c’est-à-dire les philosophes de l’école ionique de Milét: Thalès, Anaximandre, Anaximène; les pythagoriques en parlent, et puis Héraclite et Empédocle.
En premiers ils ont posé le problème des origines et ils se sont convaincus que au dessus de ce que l’on voit il existe une réalité unique et éternelle, un principe qu’ils appelaient « archè » c’est-à-dire « principe ».
-Thalès de Milét (fin VII- première moitié VI a.e.v.), fondateur de l’école ionique, identifiait l’archè dans l’eau, parce que selon lui c’était le principe du quel la vie est née et même le chaud et le sèche seraient causés par l’humide, même si cette idée n’était pas nouvelle: Homer lui-même avait célébré Thétis et Ocean comme les principes générateurs. Thalès identifiait l’eau comme « substantia » (dans le sens propre latin « rester dessous »), il croyait que la terre flottait sur l’eau et que l’eau constituait un soutien pour la terre.
-Anaximandre (610 – 546 a.e.v.), un contemporain de Thalès, n’identifiait pas l’archè dans l’eau mais en un principe indéterminé et infini appelé « apeiron » duquel tout prend vie et dans lequel tout se dissout, conçu comme une matière où les éléments ne sont pas encore distincts donc indefinie.
-Anaximène de Milét (546-528 a.e.v.) etait en toute probabilité un disciple d’Anaximandre et il identifiait l’archè dans l’air (pneuma) auquel il a attribué les caracteristiques de l’apeiron d’Anaximandre, c’est-à-dire l’infinité et la dynamisme constant. Il voyait dans l’air la force qui anime le monde, duquel tout prend vie grace à la raréfaction et à la condensation; par la rarefaction l’air devient feu, par la condensation devient eau, et par conséquence le chaud et le froid se produisent.
-Les pythagoriques identifiaient en la sacre figure de la tetractys les quatre éléments base qui sont associés, comme toutes choses, à un numéro.
. 1 Feu
. . 2 Air Tetractys pythagorique
. . . 3 Eau
. . . . 4 Terre
-Héraclite (VI-V a.e.v.), éphesien, identifiait le prencipe de tout dans le feu, element dynamique et destructeur par excellence, qui symbolise la vision du cosmos chez Héraclite comme une énergie en transformation perpétuelle, dans le quel tout ce qui existe provient du feu et enfin y retourne.
– Empédocle (470-430 a.e.v.), agrigentin, essayait de concilier la vision des ioniques, des pythagoriques et d’Héraclite. Il concevait le monde comme une matière composée par d’elements immuables appelés « racines » (rizòmata) auxquels il associait une divinité de la mythologie, il en identifie quatre:
1. Feu —-> Zeus
2. Air —-> Héra
3. Terre —-> Aidoneus
4. Eau —-> Nestis
Tout ces elements sont reuni dans le Sphaeros, le royaume où l’Amour domine. Les implications dynamiques entre les elements sont determinées par deux forces divines l’Amour (philotas) et la Discorde (neikòs).
Aristoteles ensuite a été le premier philosophe à classifier le monde naturel et à appliquer la quadripartition à la personnalité humaine, il identifiait en particulier quatre tempéraments auxquels on associait les elements:
Tempéraments colérique (Feu)
spontané et exubérant
courage, loyauté, honnêteté
orgueil, arrogance, vangeance
Tempérament sanguin (Eau)
optimiste, entreprenant
cordialité, charme, magnétisme
artiste, empathique, psychique, sensible, poète
pas fiable, instable
Tempérament bilieux (Air)
intellectuel, studieux, logique
désir de donner et recevoir de la connaissance
curiosité, orgueil
méfiance, suspect
Tempérament mélancolique (Terre)
frugal, industrieux, petient
pratique, calme, consciencieux
matérialisme, limité
Pendant la Renaissance, avec la diffusion des matières humanistes qui encourageaient la libre recherche et la dignité de l’homme, le naturalisme philosophique se diffuse comme un réflexion sur la nature qui permet à l’homme de se réaliser dans le monde. L’homme est « artisan » de la Nature par conséquent il doit connaître tout ses secrets. Les philosophes néoplatoniciens continuent le naturalisme en développant un système magique; magiciens comme Marsile Ficin, Giordano Bruno et Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim en pratiquant la magie ils ont continué la philosophie naturelle, entendue comme la forme intellectuelle la plus haute, comme un instrument qui permet aux hommes de connaître le monde où ils vivent.
Au XIX siècle les ecoles et les ordres esoteriques, comme The Hermetic Order of The Golden Dawn (L’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée), ont repris la quadripartition à l’intérieur du cercle qui à été divisé de cette manière:
Livres sur la Magie Naturelle
La Magie naturelle ou les Secrets et Miracles de la Nature– J-B De Porte
La Magie naturelle – H.-Corneille Agrippa
De Magia – Giordano Bruno
Magie ceremonielle
Une autre grande influence est exercé par la magie cérémonielle. C’est un type de magie caractérisé par une ritualité exaspérée, très complexe et qui requiert des gestes précis et des mots qui doivent être prononcés en une certaine manière. La magie cérémonielle à la quelle la Wicca se refait est celle pratiqué par l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée entre ‘800 et ‘900, fondé en 1888 par William Wynn Westcott, William Robert Woodman et Samuel Liddell MacGregor Mathers qui étaient des membres de la Societas Rosicruciana in Anglia. La Golden Dawn se pose comme continuation d’une tradition kabbaliste fondée sur une récupération de la véritable tradition Occidentale. Le document fondamental de l’Ordre est le Cipher Manuscript qui contient tous les rituels de la Golden Dawn. Ses rituels sont caractérisés par une série de vibrations des noms divins hébraïques accompagnés par une gestualité complexe et ces rituels devaient être appris par coeur par tous les membres de l’ordre. La Golden Dawn naquit de la nécessité d’avoir une réponse pratique à toutes les doctrines ésotériques qui jusqu’au XIXème siècle avaient un caractère uniquement théorique. Donc à une préparation théorique des membres on ajoutait une vaste préparation au niveau pratique.
La Wicca prend une partie des rituels de la Golden Dawn comme le Rituel Mineur de Bannissement du Pentagramme (Lesser Banishing Ritual of the Pentagram), le rituel le plus simple de toute la ritualité de la Golden Dawn, en le transformant dans le rituel d’ouverture du cercle comme on le connait aujourd’hui. Depuis la première décennie du XXème siècle la Golden Dawn n’existe plus (il y a quelques groupe aux Etats-Unis mais la ligne initiatique est incertaine).
Livres sur la magie cérémonielle
Ceremonial Magic – Israel Regardie
Foundations of Practical Magic – Israel Regardie
Golden Dawn – Israel Regardie
The Essential Golden Dawn – Chic Cicero
Traditions à mystères
La Wicca nait comme système initiatique, aux débuts le seul moyen d’entrer en contact avec la Wicca était à travers les covens et donc avec une initiation formelle. L’aspect initiatique enfonce ses racines en la Golden Dawn et tous les groupes ésotériques secrets, mais en la Wicca il y a quelques chose en plus par rapport à l’initiation formelle, en effet il y a une forte composante mystérique qui ne peut pas être apprise dans aucun livre, mais c’est une expérience qui est vécue avant tout au niveau individuel . Cet aspect nous vient de l’antiquité, quand dans le monde grec et roman ils s’étaient diffusés, en parallèle avec la religion officielle, de cultes initiatiques dédiés à certaines divinités, et qui opposaient un esprit dionysiaque à l’esprit apollinien de la religion d’État. En le monde grec ils s’étaient diffusés les mystères de Dionysos qui représentaient un véritable bouleversement des règles sociales: c’était un culte officié en général par des femmes, les bacchantes ou ménades, qui avaient le rôle de prêtresses et qui grâce à une série de danses extatiques et rythmées (et grâce au vin) arrivaient à l’abandon totale et à la possession par l’esprit dionysiaque, en portant des masques et en suivant le cortège de Dionysos.
Les cultes d’Eleusis étaient célébrés en automne et au début du printemps, il était célébré et représenté le rapt de Perséphone et on faisait des offres à Déméter, la déesse de l’agriculture et de la végétation. C’était un culte réservé aux seuls initiés, il ne nous reste aucune documentation sur les rituels à cause du secret initiatique. Cet aspect est resté dans la Wicca, même dans le cycle des huit sabbats à Mabon parfois on mets en scène le rapt de Perséphone et le voyage de la déesse aux Enfers constitue une partie des mystères.
Quand les romans entrèrent en contact avec les égyptiens en la période hellénistique, les mystères d’Isis et Osiris se diffusèrent dans tout l’Empire, on considérait Isis comme l’incarnation du principe féminin et souvent elle était associée aux autres déesses, « toutes les déesses sont Isis et Isis est toutes les déesses », on célébrait le mythe d’Isis et Osiris et le mystère de la mort et de la résurrection d’Osiris, on retrouve l’idée du voyage initiatique dans l’oeuvre « Le Métamorphoses, ou l’Ane d’Or » d’Apulée qui fut en toute probabilité un initié aux mystères d’Isis.
Livres sur les cultes à mystères
Isis et Osiris – Plutarque
Les cultes à mystères dans l’Antiquité – Walter Burkert
Eleusinian and Bacchic Mysteries – Thomas Taylor
The Road to Eleusis : Unveiling the Secret of the Mysteries – A. Hofmann, R. G. Wasson, C.A.P. Ruck
Dionysos et la religion dionysiaque : éléments hérités et traits originaux – Louis Gernet
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